On se souvient du code de vie d’Hérouxville. En réaction au débat sur les accommodements raisonnables, un conseiller municipal de cette petite ville de Mauricie, André Drouin, avait proposé un code de conduite à l’attention des immigrants (visiblement les musulmans). Bien sûr, il avait été vertement critiqué.
Actuellement, il est question d’un projet résidentiel pour musulmans. Le promoteur, Nabil Warda, cherche un terrain en Montérégie pour y construire, dans une première phase, une dizaine de maisons. Mais son « objectif est de réunir 100 familles musulmanes ». Là où il y a un parallèle à faire avec Hérouxville, c’est quand le promoteur expose sa vision du « vivre ensemble » à l’intérieur de la future enclave :
Mais dites-moi, quelle est la différence entre le code de vie d’Hérouxville et cette idée d’accueillir des non-musulmans à condition qu’ils aient « des valeurs communes »?
Pour ce qui est d’Hérouxville, l’accueil des immigrants potentiel dans ce petit village, que certains ont qualifié de « consanguins », n’est aucunement conditionnel à quoi que ce soit. Ledit code de vie n’est pas prescriptif, mais bien informatif, dans toute son absurdité : il est déjà criminel de lapider, de brûler vive et d’exciser des femmes. C’est le fait de vouloir le rappeler de cette manière qui frappait l’imaginaire…
Quant au projet résidentiel pour musulmans, il est dit clairement que l’accueil d’individus extérieurs à la communauté est conditionnel et que cette condition est liée à leurs valeurs, enfin celles de ce Nabil Warda et de sa communauté religieuse (pour ne pas faire d’amalgame : tous les musulmans n’ont pas pour fantasme de se ghettoïser, même si la politique canadienne du multiculturalisme les y encourage).
Deux poids deux mesures?
Si on se souvient bien, ce qui avait frappé l’imaginaire avec l’histoire d’Hérouxville, c’est qu’on avait l’impression qu’un petit village de Québécois blancs francophones se braquait contre l’immigration en utilisant ce projet de code de vie pour comparer négativement, par l’exagération, leurs valeurs à celles des musulmans. Et à terme, toujours dans le mode des perceptions, pour les décourager de venir s’y installer.
Désolé, mais ce projet résidentiel pour musulmans en est la réalité. Par contre, il est certain que ce Nabil Warda ne sera pas goudronné et emplumé comme l’a été André Drouin. Pourquoi? Parce qu’il existe une accusation nommée « islamophobie » pour protéger le premier. Elle empêche d’analyser équitablement les deux situations sans inclure Nabil Warda (et sa communauté) dans la catégorie des victimes et André Drouin (ainsi que tous les Québécois blancs francophones) dans la catégorie des coupables. Puisque de le faire comme je le fais, c’est oublier que la société d’accueil, que la majorité est toujours coupable de tyrannie…
Trêve de sarcasme, mais cette tendance à se regrouper en communautés, ce n’est pas une bonne idée. Enfin, si on pense comme moi que pour outrepasser la tolérance (qui n’est pas l’acceptation), il faut bien se côtoyer tout autant dans des rapports de proximité géographique que dans la proximité virtuelle que nous offre le monde du web. On trouvera toujours assurément de bonnes raisons de les défendre, mais cela vaut aussi pour les autres enclaves déjà mises en place, autant les communautés religieuses qu’autochtones, voire homosexuelles…
Ce qui me fait penser que ces regroupements communautaires sont dans la même veine que les « safe spaces », ou bulles sécuritaires, cette tendance à désirer des espaces idéologiques exempts d’agents antagonistes. Du genre qu’une réunion féministe interdira la présence d’hommes ou qu’une association universitaire mettra en place des mécanismes pour exclure les propos contraires à ses idées. À mon sens, ce n’est qu’une solution paresseuse pour se cacher de la complexité du monde. C’est le règne de l’émotivité. Ce qui est triste puisque même si ce n’est pas toujours facile, il faut bien être confronté à l’adversité du monde pour espérer y trouver de la compréhension mutuelle et des terrains d’entente.