
Photo : Michael Vadon (CC BY-SA 4.0)
Nous vivons une époque formidable. Et ceci n’est pas dit ironiquement. Le web social nous permet de tenir des conversations politico-sociales au-delà de nos cercles intimes, et à distance. Cette possibilité de plus en plus démocratisée encourage les prises de position du plus grand nombre, pour le peu qu’il y ait un intérêt, et du temps. Mais cela s’accompagne d’une contrepartie plus négative. Et cette contrepartie, c’est la tendance à appuyer ses réflexions et ses arguments sur l’émotivité, avec parfois comme conséquence le recours à l’insulte. Les raisons sont diverses : manque d’outils intellectuels, déficit de contrôle de soi-même, paresse ou égocentrisme, dans les cas extrêmes. Tout cela est normal dans un sens puisque la plupart des gens ne sont pas à l’aise avec les débats d’idées, surtout au Québec, où il est profondément culturel de ne pas aimer la chicane.
S’il n’y avait pas une certaine utilité à ces conversations, il n’y aurait aucun problème à ce que l’émotivité soit au coeur des échanges. Dans le sens où, ultimement, il y a moyen de découvrir et d’apprendre des échanges, d’acquérir des connaissances, donc d’évoluer collectivement : n’est-ce pas le but? Mais quand l’émotivité se met de la partie et souille tout ce qui se dit, ce que l’on peut surtout découvrir et apprendre, c’est le ressenti des gens. Il est certain que le ressenti est tout à fait d’à-propos et même doit idéalement se déployer quand il s’agit des relations intimes, mais ce n’est pas le cas dans les conversations à teneur politico-sociales. En réalité, la seule utilité au ressenti des gens dans le débat public est protocolaire. Elle concerne le décorum, la civilité, donc le fait que ce ressenti est une réalité à prendre en compte lors des échanges. Ce qui fait que la norme, pour le peu que l’on admette que le but est de se concentrer sur les idées, est que l’on doit discuter calmement en ayant en tête que les interlocuteurs sont des humains avec des émotions. De cette manière, idéalement, autant pour le fond que dans la forme, la teneur des discussions devrait être étrangère à la bassesse des sentiments pour pouvoir se maintenir à la hauteur du discernement.
En fait, quand elle s’immisce dans le débat public, la conversation émotive – conséquente de l’analyse émotive – est strictement un concours d’ego. C’est qu’en y ajoutant l’émotivité, le sujet le plus sérieux ne nous apporte plus rien qui vaille. On ne cherche pas la vérité en sa compagnie, on s’épuise plutôt à justifier sa posture, sa propre vérité sur mesure. Le fait de s’accrocher à notre vision bien personnelle des choses nous fait oublier que cette quête pour comprendre le réel se fait avec les autres, avec l’humilité du doute et surtout avec les faits disponibles, même quand malheureusement ils tendent à contredire notre opinion. Encore, il est flagrant que cette tendance à l’émotivité va à l’encontre de la rationalité, celle-là même qui devrait nous servir à regarder froidement le tableau d’ensemble pour pouvoir le mettre en perspective et arriver à un constat le plus juste possible.
Ce qui est le plus important, c’est qu’il faut comprendre que l’on doit le moins possible se baser sur son propre vécu pour analyser une problématique, à moins de pouvoir en extraire une portée universelle. S’il y a quelque chose qui est bien proche des émotions, c’est la mémoire, le vécu, avec tout ce qu’ils comportent comme possibilités de distorsions mentales et de pièges psychologiques, ce qui mène trop souvent à un système de pensée fallacieux, nourri par des dissonances cognitives. Et en cette époque où l’individualisme est de plus en plus roi, l’émotivité est devenue un droit, même un synonyme de liberté, un antonyme de responsabilité. Cette question sera décortiquée plus tard, mais avant, sautons dans le vif du sujet.
Donald Trump, aimant pour l’émotivité
La campagne électorale états-unienne et la victoire de Donald Trump avaient tout pour intensifier, voire hystériser, cette tendance à l’émotivité. Parce que le bonhomme a vraiment tout ce qu’il faut pour choquer. Il a dit tout ce qu’il fallait pour antagoniser et extrémiser les positions, tout pour se qualifier parfaitement dans le rôle de celui qui représente le mieux ce qu’il y a de pire en l’humain. Puisqu’il a fait des déclarations qui donnent à le penser, on le décrit comme sexiste, raciste, homophobe et les comparaisons avec l’arrivée au pouvoir d’Adolph Hitler en Allemagne ne manquent pas. Surtout, il a donné tout ce qu’il faut pour que la fin du monde soit réelle, enfin, en regardant la situation avec les lunettes noires des émotions.
S’il faut le spécifier, le but n’est pas ici, ni de près ni de loin, de prendre la défense de Donald Trump. Ce n’est pas le point. Mais ce qu’il faut absolument faire remarquer, c’est la forte tendance à analyser ce résultat électoral dans une perspective catastrophiste, voire sophistique, reléguant tous les faits et les analyses qui peuvent amoindrir le pessimisme ambiant de ce résultat électoral à un appui total pour Donald Trump. Comme les critiques envers Hilary Clinton d’ailleurs. On voit bien que dans l’émotivité, il n’y a pas de nuance qui tienne. On ne peut, actuellement, selon ce filtre, que pleurer sa vie ou se réjouir devant un monde qui bascule dans l’horreur. Même si dans les faits il a été élu avec une faible majorité dans un contexte de fort taux d’abstention, son élection est sans conteste selon ce chant macabre le résultat d’un vote sexiste, raciste et homophobe (les trois ou séparément, selon les tendances idéologiques). Il est impossible de le voir autrement, de creuser plus loin que ce constat déprimant, sous peine de devenir automatiquement un grand admirateur de Trump, un fasciste, un nazi et de se le faire marteler avec l’aide de l’argument de la honte. Pour faire un lien ironique avec une autre figure états-unienne, George W. Bush, le mot d’ordre du commentariat émotif est : « Ou vous êtes avec nous, ou vous êtes contre nous ».
Pourtant, si on se souvient bien de l’ambiance lors de l’arrivée de Barack Obama à la Maison-Blanche, l’émotion était à la joie et à l’espoir, pas seulement aux États-Unis, mais partout dans le monde. Est-ce que cela s’est concrétisé, est-ce que les États-Unis se sont particulièrement améliorés depuis? Sans doute un peu selon l’analyse des uns, pas du tout ou même qu’ils ont régressé selon l’analyse des autres. Mais surtout, ce qui ne s’est pas passé, c’est la révolution, dans son sens le plus extraordinaire, que laissait entrevoir toute cette émotion positive. Attention, il n’est pas dit ici que le résultat quelque peu décevant du règne d’Obama est garant du futur, dans le sens où Donal Trump n’ira obligatoirement pas là où on a peur qu’il aille, mais que baser son analyse et même son espoir sur l’émotion est inutile. Encore plus quand cela réduit Obama au Bien et Trump au Mal, laissant ainsi de côté la complexité du monde. Tous ces espoirs et toutes ces prières n’ont pas empêché Barack Obama d’être confronté à la réalité, aux faits, au jeu politique, à la dynamique nationale et internationale, aux contextes géopolitiques, etc. Ce qui ressort très bien de cette comparaison, c’est que l’émotion est aussi inapte à faire changer le monde que les croyances religieuses à l’expliquer. Et vice versa. Même que tout donne à penser que de se complaire dans l’émotivité relève du même réflexe psychologique que de se complaire dans la religiosité. L’émotivité est mauvaise conseillère quand il s’agit de regarder le monde. Et il y a sans doute un parallèle à faire avec le retour du religieux à notre époque.
Jusqu’à la post-vérité, ou quand on outrepasse la vérité
Même si cette ère de l’émotivité nous apparaît de plus en plus clairement avec l’aide des événements récents, comme l’élection de Trump, s’il faut la circonscrire dans le temps, elle n’a pas débuté récemment. Selon toute vraisemblance, elle remonte au début de la démocratisation du web social. Et cela, quelque part dans le milieu des années 2000, quand la mode des blogues a été reprise dans les médias traditionnels, ouvrant ainsi plus amplement un rapport interactif avec le web, a contrario d’en être seulement spectateur. Il y a une adéquation assez manifeste entre le fait d’ouvrir médiatiquement à tous le débat public et le fait qu’il était strictement réservé précédemment à ceux qui étaient désignés et permis par les médias traditionnels (les professionnels comme le public – ce dernier via les lettres ouvertes). Il y a toujours plus d’éclairage sur ceux qui sont désignés par ces médias, mais on sent fortement l’influence du public, plus près de ses émotions, autant dans la forme que sur le fond des débats. Justement parce que ce changement de paradigme a profondément marqué le monde de l’information. Aussi, ce n’est pas un hasard si par exemple la popularité des vedettes du web repose beaucoup sur leur talent à exploiter l’émotivité, quelle soit positive ou négative, consensuelle ou polémique. Que ce soit une midinette qui fait rêver, à coups d’égoportraits, avec sa vie parfaite en apparence ou un vlogueur qui se spécialise dans le « pétage de coche » et la dramatisation à outrance, l’émotion est vendeuse. La popularité de la télé-réalité en est un autre bon exemple.
En regard de cette évolution technologique, cela ferait donc environ une dizaine d’années que cette tendance contamine de plus en plus l’espace des idées. Un bon indice de la vraisemblance de cette approximation, c’est que le dictionnaire britannique Oxford a choisi très récemment le nouveau terme « post-vérité » (« post-truth ») comme mot de l’année. L’article relayant cette nouvelle spécifie que « pour qu’un mot fasse son entrée dans cette vénérable institution, il doit avoir été utilisé dans les journaux ou les romans depuis au moins dix ans ». Et le plus intéressant, c’est qu’il a été choisi « en référence à une période où les faits comptent moins que l’émotion après le vote en faveur du Brexit ou l’élection de Donald Trump. » De même, l’explication de la signification du préfixe « post » pour créer ce néologisme participe à pointer encore plus finement le problème :
Plutôt que de faire simplement référence à une période postérieure à une situation spécifique ou à un événement comme dans «après-guerre», le préfixe post dans post-vérité a une signification proche de l’idée «d’appartenir à une période dans laquelle le concept spécifié est devenu sans importance»
Par conséquent, avec la post-vérité, on outrepasse la vérité, les faits, ce qui fait en sorte qu’un autre nouveau terme, « post-factuel », en est un bon synonyme. Heureusement, la complexification du monde trouve des mots pour se nommer, mais ce n’est pas toujours heureux, comme nous le verrons plus loin.
Individualisme et justice sociale
Cette tendance à l’émotivité n’est pas étrangère à cette autre grande tendance qu’est l’individualisme. Être plus centré sur l’importance de l’individu que sur l’importance de la collectivité ne peut que magnifier l’importance du ressenti de chacun quand il s’agit de regarder le monde et de choisir ses combats. Par exemple, selon ses propres valeurs, on choisira de défendre plus amplement ceux qui « travaillent fort » (selon le préjugé du mérite, basé sur la richesse matérielle et sur l’importance de la position sociale) ou plus amplement ceux que l’on aura identifiés, selon une analyse trop souvent arbitraire, comme étant des laissés-pour-compte, des victimes. Dans les deux cas, la vision individualiste des choses spécialise la notion des droits et libertés, dans son sens large, vers certains groupes au lieu de considérer cette notion dans son ensemble, pour tendre vers l’équilibre et la justice. Ainsi, cette tendance fait en sorte que des gens de gauche sont alors individualistes. Ce qui est quand même récent puisque la gauche, traditionnellement, pourfendait l’individualisme.
Par conséquent, maintenant, il est possible de faire rimer individualisme avec progressisme – de gauche, enfin d’une certaine gauche, qui n’aurait jamais dû pouvoir s’accaparer ce terme, d’ailleurs, puisqu’être de droite n’est pas nécessairement être contre le progrès social… Conséquemment, ce que l’on peut dire à partir de ce constat, c’est que ce progressisme de gauche individualiste se perd autant dans la défense ultime des droits et libertés individuelles (des minorités religieuses, particulièrement) que dans l’imperméabilisation de sa propre posture aux nuances extérieures. Et cela pourrait expliquer pourquoi il diabolise autant le nationalisme (ce que Donald Trump comme président des États-Unis représente le mieux actuellement, si ce n’est que trop en surface). Sans doute parce que cette notion politico-sociale du collectif compartimente et met à mal son idéal mondialiste, qu’il considère, à tort, synonyme d’amour universel. Mais dans les faits, cet idéal représente la mise en place d’un monde individualiste, d’une humanité atomisée, où l’importance des liens de proximité, donc la santé des cultures et des langues locales, est compromise. Si ce n’est que ces cultures et ces langues locales sont déjà en voie de disparition grâce à lui. Le fantasme du citoyen du monde n’est pas que fantastique…
Pour revenir encore plus près de Donald Trump, cette évolution individualiste du progressisme de gauche explique aussi très bien la mouvance états-unienne que l’on peut identifier avec le vocable « Guerriers de la Justice Sociale » (« Social Justice Warriors »), même s’il est péjoratif, dans la même veine que l’appellation « gauche régressive ». Et ce n’est pas parce qu’elles sont péjoratives qu’elles ne sont pas utiles. En gros, il s’agit des conséquences théoriques de la rectitude politique, du politiquement correct. Ce qui a résulté en de nouvelles manières de considérer les enjeux sociaux, en amplifiant, voire carrément en inventant des problèmes. Dans cette sociologie fictionnelle, visiblement inspirée par l’émotivité que suscite l’existence même des inégalités entre les êtres humains, les individus sont en concurrences, bien malgré eux, dans une dynamique de culpabilisation/victimisation démesurée. Comme indiqué plus haut, les penseurs de cette sociologie spécialisent la notion des droits et libertés selon leur choix de combat, ce qui est de l’individualisme. Ainsi, il ne pourrait s’agir d’une perspective équilibrée, collective, humaniste et surtout, réaliste.
Regardons quelques exemples. D’abord, la réalité de l’influence des cultures entre elles et de l’adhésion libre des gens aux symboles ou pratiques d’autres cultures devient la notion d’appropriation culturelle, interdite moralement quand il s’agit de l’appropriation des cultures minoritaires par des gens issus des cultures majoritaires. Dans le réel, un des problèmes avec cette victimisation/culpabilisation, c’est qu’elle fait en sorte d’encore plus minoriser ces cultures et de participer à la pérennité des cultures majoritaires, étant donné qu’il n’y a que ces dernières qui ne sont pas frappées d’un interdit. Dans cette logique poussée à l’extrême, les cultures minoritaires agonisent, faute de véhicule pour se perpétuer avec l’aide de l’échange culturel, dans ce monde globalisé. Tout cela alors que l’attrait des cultures majoritaires est grand par définition, le poids du nombre aidant.
Il y aussi l’islamophobie, cette accusation qui, sous le couvert de prendre la défense des musulmans – qui sont effectivement par certains amalgamés au terrorisme et à l’islamisme -, racialise et essentialise la diversité culturelle musulmane dans une vision rigoriste, stéréotypée, mais obligatoirement respectable de leur religion. Ce qui rend le tout imperméable à la critique, même provenant de musulmans. Donc, sa conséquence la plus manifeste, c’est qu’elle ralentit, sinon bloque, les démarches des musulmans réformistes qui veulent que leur religion s’adapte aux impératifs du monde actuel. Mais aussi, elle relativise le danger que représentent ceux qui travaillent à banaliser les ambitions juridiques, le dogmatisme prescriptif (ce qui règle la vie du pratiquant, autant dans la sphère privée que publique), le sexisme et l’homophobie intrinsèque à cette conception rigoriste de la religion musulmane, quand elle ne banalise pas carrément le terrorisme islamiste en interprétant bêtement sa critique comme étant une critique des musulmans.
Mais surtout, il faut pointer toute l’oeuvre des féministes de troisième vague. Celles-là qui, en décortiquant à l’excès dans le but de trouver le moindre rapport problématique entre les hommes et les femmes, en arrivent à justifier théoriquement le pire de ce que leurs prédecesseures féministes avaient exprimé, soit le désir d’émasculation sociale. Autrement dit, l’élimination culturelle du mâle, si ce n’est son élimination tout court, pour les plus extrémistes d’entre elles. Ce que ces nouvelles féministes font actuellement pour arriver à cette émasculation sociale, c’est de normaliser la culpabilisation des hommes et la victimisation des femmes en prenant en otage le champ du monde définitionnel à coups de néologismes, qui ont pour but d’officialiser ces théories dans le réel. Par exemple, tout avis d’un homme à propos d’un sujet qui concerne une femme ou les femmes est de la « mâlexplication » (« mansplaining »), bien sûr moralement interdite et donc moquée avec l’aide de l’appel à la honte, sans égard à la teneur des propos et aux possibles bienfaits d’une discussion ouverte à ce sujet. Et tout cela est propagé avec le pouvoir propagandiste des médias sociaux qui, par la répétition, donne vie à cette fiction où les hommes sont des loups et les femmes des brebis qui peuvent et doivent agir aussi comme des loups. Cela donnant en fin de compte un monde où l’ambiance est à l’indignation perpétuelle contre tous les hommes. Enfin presque : sauf contre ceux qui font idéologiquement les beaux devant cette imposture intellectuelle, par bonté d’âme. Ainsi, le féminisme n’est plus un combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes, mais une descente aux enfers des hommes d’aujourd’hui, parce que les hommes d’antan étaient des démons et qu’il faut bien que quelqu’un paye… et s’il s’agit d’hommes blancs cisgenres occidentaux, c’est encore plus payant!
En somme, en regard de tous ces exemples, cette tendance guerrière s’appuie sur une vision individualiste du monde qui ignore qu’elle est individualiste. Ce qui est pris pour un souci du collectif n’est en fait que le reflet d’une générosité égocentrique, qui prend la forme idéalisée de groupes à défendre, qu’ils soient culturels, ethniques, religieux ou sexuels, alors que le réalisme et les faits commandent des analyses et des opinions plus subtiles. Pour le dire métaphoriquement, cette indignation est du prêt-à-porter pour bien paraître en société et envers soi-même. De beaux habits moraux pour gens bons. Et presque heureusement, Donald Trump est là pour faire ressortir cette dynamique encore plus clairement, comme il a malheureusement rappelé l’existence de la droite raciste, xénophobe, homophobe et sexiste.
Un pied de nez au politiquement correct
En conclusion, l’élection de Trump, autant dans ce qui l’a permise que dans ces suites, peut être aussi vue, au-delà de ces nombreuses causes, comme un ras-le-bol devant toute cette émotivité exacerbée, devant cet individualisme spécialisé dans le « posturalisme », dans la manie posturale. Malgré tout le mal que nous pouvons en penser, il est possible de voir aussi dans ce résultat un immense pied de nez au politiquement correct et à ses dérivés/dérives. Celui-là même qui sclérose depuis trop longtemps le débat public états-unien, et par extension, celui du monde occidental, laissant la peur de nommer les choses prendre le dessus sur la dynamique voltairienne de la liberté d’expression et surtout, sur la rationalité. Dans un sens, il est bien dommage que ce résultat pousse au-devant de la scène un être qui donne autant une impression d’irrationalité; sur laquelle s’est visiblement accroché tout ce pessimisme apocalyptique, nourri par l’émotivité. Mais le futur nous donnera sans doute l’occasion de mesurer cette impression à l’aune de la réalité et donc des faits, que cela soit agréablement surprenant ou décevant, selon les perspectives de chacun.
Cela, en espérant que ces perspectives accouchent plus amplement d’analyses originales, profondes et intelligentes que de hoquets provoqués par la partisanerie idéologique des plus extrémistes, autant à gauche qu’à droite. La nuance, c’est tout ce que nous avons pour calmer l’affolement du monde. Et prière de ne pas confondre la nuance avec le relativisme.