Bonne première émission de Tout le monde en parle, même si j’ai eu l’impression que le pilote avait de la difficulté à tirer sur le manche à balai… Et là, je ne dis pas que c’est la faute de quiconque, loin de là, mais je ne sentais pas cette espèce de fébrilité habituelle aux premières émissions de la saison; c’était comme si c’était n’importe laquelle, genre la neuvième semaine. Et ce choix n’était pas fortuit, puisque c’est la neuvième saison qui commence, presque dix ans, pour les amateurs de chiffres ronds, ou carrés, c’est selon la perspective. Qu’on aime ou pas, c’est quand même incroyable cette longévité, pour une émission qui n’est presque pas de variété. Ça mérite une bonne main d’applaudissements!
Pour ce qui est de l’expérience en tant que telle, en parallèle avec Twitter, c’était plutôt tranquille. J’avais cessé de suivre le fil général #TLMEP parce que ça défilait trop vite et que ça me permettait de me concentrer sur mes abonnements, alors là, ça me donne le goût de m’y remettre…
Michel Dumont, Solange Tremblay, Marc-André Grondin et Marilyn Castonguay
En écoutant l’entrevue, où on a surtout entendu Michel Dumont, cet homme qui a fait de la prison pour un viol qu’il n’« aurait » pas commis, j’avais cette bizarre impression de ne pas être certain de la vérité, comme si le procès se jouait encore… C’est qu’on a d’un bord un film qui se veut réaliste et qui raconte l’erreur judiciaire et de l’autre on a des témoignages pas très flatteurs et même la victime du viol qui continue de dire que le coupable est Dumont. Je n’aimais pas me sentir pris entre deux feux…
Quoi qu’il en soit, ça m’a donné le goût de voir le film « L’affaire Dumont », même si on en a peu entendu parler cinématographiquement durant l’émission.
Françoise David
La deuxième solidaire à faire son entrée à l’Assemblée nationale était fidèle à elle-même, posée, sympathique (pour ceux qui sont capables de trouver une femme sans conteste de gauche sympathique) et articulée. Ça sera trop peu pour beaucoup, mais elle a en quelque sorte réaffirmé son penchant souverainiste en disant qu’elle ne veut pas du drapeau du Canada lors de son assermentation. Autre détail remarquable, c’est l’absence de carré rouge à sa poitrine, qu’elle expliquait par le fait que la hausse des frais de scolarité a été annulée, donc que les carrés rouges ont gagné. Dans l’optique que ce symbole représentait beaucoup plus que ça, ça ne serait pas surprenant qu’elle se le fasse remettre sur le nez…
Elle a parlé de la réforme du mode de scrutin, ce qui est une bonne chose, remettant sur le nez du PQ l’abandon de cette cause. Mais justement, venant d’un parti avec seulement 2 députés élus, dans le contexte d’un gouvernement minoritaire je ne me fais pas trop d’illusions.
J’ai bien aimé son idée de déplacer le crucifix à l’Assemblée nationale, même pas de l’enlever du Salon bleu, mais bien de le mettre à une position moins centrale. Moi je l’enlèverais tout court pour le mettre dans un musée, mais puisqu’il faut bien parfois des compromis, ça m’irait.
Pour terminer, il y a quelque chose qui m’a un peu dérangé dans sa vision très gauchiste de la souveraineté. C’est que ce n’est pas très rassembleur. Nous vivons dans une société où le cliché « les personnes de droite sont fédéralistes beaucoup parce qu’ils ont en horreur le projet souverainiste à gauche » est une réalité, alors, il faudrait le casser un jour pour que le projet arrive à terme. Ce réflexe de colorer avant terme est contre-productif.
Marc Labrèche et Anne Dorval
Les deux acteurs qui incarnent les personnages délirants de la nouvelle émission « Les bobos », diffusée à Télé-Québec, sont tout aussi délirants, il va sans dire. Malgré tout le plaisir que j’ai eu à les voir et les entendre, j’ai trouvé ça un tantinet long. Ce genre de longueur qui aurait vraiment passé inaperçu si je les avais eus dans mon salon, par exemple, même trois fois plus longtemps.
Pour ce qui est de l’émission, pour avoir écouté les deux premières semaines, j’adore tout simplement. J’ai eu cette réflexion pendant que j’écoutais la première : une émission du genre « Les bobos », mais avec du monde de droite, il y aurait du déchirage de chemise, entre autres dans le bout de Québec…
Parce qu’il faut se l’avouer, cette émission, c’est carrément le fantasme de ceux qui jour après jour « blastent » ce qu’ils appellent « la clique du Plateau ». Même si les personnages sont poussés à l’extrême, je me reconnais un peu dans eux, aillant été pendant longtemps de cette tribu du Plateau (ça laisse des marques). Est-ce que ça m’insulte? Non. L’autodérision est une chose merveilleuse.
Mathieu Darche, Maxime Talbot et Bruno Gervais
Je ne serai pas du tout original ici, puisque tout ce que j’ai le goût d’écrire a été dit, dit et redit maintes et maintes fois : une chicane entre des milliardaires et des millionnaires, ça me laisse plutôt de glace…
Mais j’admets que ce n’est pas facile pour ceux qui dépendent économiquement de l’industrie du hockey, comme les bars sportifs.
Sami Aoun et Rachida Azdouz
Ces invités sont venus parler des réactions enflammées, c’est le moins qu’on puisse dire, qu’ont suscités le film (c’est presque trop gentil d’appeler ça un film) « L’innocence des musulmans » dans le monde arabe, et bien sûr aussi dans le monde occidental, avec la publication d’autres caricatures de Mahomet dans Charlie Hebdo.
Rachida Azdouz était tout à fait en phase avec mon opinion quand elle répondait non à la question de savoir si on devait censurer le film et autres représentations de Mahomet. Pour Sami Aoun, c’était moins clair. D’un côté, il affirmait que la liberté d’expression est importante, mais pointait le concept de responsabilité pour l’entraver dans le cas où cette liberté d’expression cause des problèmes. Je veux bien, mais ça me fait un peu penser au dilemme de l’oeuf ou la poule. S’il n’y avait pas d’interdiction maladive de représenter Mahomet, il y aurait sûrement peu ou pas de représentations, idem pour les critiques. L’interdit est le moteur de la transgression…
Vickie Gendreau
Je ne peux pas m’empêcher de remarquer que, comme toujours, littérature et télévision (particulièrement TLMEP), c’est l’écrivain plus que l’écriture. Je m’explique. Mis à part les quelques éloges bien sentis de Guy A. Lepage pour la qualité de l’écriture de Vickie Gendreau, il a été constamment question de l’expérience de vie de l’auteure. Et ce n’est pas tellement une critique qu’un état des lieux : parler de la démarche artistique en excluant le plus possible l’anecdotique est très difficile. Oui, le sujet est important, mais j’aimerais plus amplement entendre parler de littérature. On parle toujours de ce qu’il y a autour de l’art, jamais de l’art, ou si peu.
Et puis, amené de cette manière, ça me donne l’impression que le livre n’est pas bon en soi, mais bien qu’il n’est que quelque chose qui documente une expérience de vie. Quand on me présente ça ainsi, je me dis toujours que l’anecdotique (une jeune femme qui apprend qu’elle est atteinte du cancer et qui écrit un livre à la suite de ça) risque d’être plus intéressant que l’oeuvre. Ou encore, je me dis que le même livre écrit par un auteur dans une optique totalement fictionnelle passerait peut-être totalement dans le beurre parce qu’il n’a pas ce bonus « human interrest » assez vendeur, il faut se l’avouer.
Mais bon, je suis peut-être le seul à le voir de cette manière. Et ça ne m’empêchera pas de peut-être me le procurer et, s’il y a lieu, de beaucoup l’apprécier.
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Voilà pour ce premier billet de la série. À la semaine prochaine avec, j’espère, un retour à la formule plus twitteresque de la saison dernière.