Balancer sa critique de l’islam-isme avec d’autres critiques envers les autres religions?

Il faut le dire d’emblée, il n’y a pas de conspiration quant au fait que la religion la plus remise en question, partout dans le monde et particulièrement ici, est l’islam. Il n’y a aucunement besoin de balancer sa critique de l’islam-isme avec d’autres critiques envers les autres religions.

Dans la réalité de ce monde, l’islam est malheureusement mis sur la sellette à cause du terrorisme exponentiel extrêmement meurtrier qui y est associé et des problèmes qu’occasionne une partie de l’immigration musulmane dans les pays occidentaux. Cette réalité, on pourra essayer de la relativiser en aval, et dire avec raison qu’il y a un effet d’amplification médiatique, mais il reste qu’à un niveau global les groupes terroristes qui ont le plus de succès sont liés à l’islamisme (même en Europe où ce terrorisme n’est pas majoritaire en terme d’actes, alors qu’il est majoritaire en terme de nombres de morts).

Sans oublier que la mondialisation actuelle pose des défis sociaux qui sont surtout liés à l’islam, puisque justement le terrorisme islamiste (beaucoup plus actif dans les pays musulmans qu’ailleurs) encourage l’émigration (on n’a qu’à penser à la crise des migrants syriens).

Il faut vraiment s’aveugler de tout ça pour même penser qu’il faudrait, pour critiquer quoi que ce soit en lien avec l’islam, contrebalancer avec des critiques en lien avec les autres religions (restons aux monothéistes).

Quelqu’un a-t-il déjà entendu parler de l’existence de groupes terroristes à succès, comme l’État islamique et Boko Haram, du côté chrétien ou juif? À part pour quelques « sectes » juives et chrétiennes peu nombreuses qui réussissent à s’effacer du monde et qui ne font surtout pas beaucoup de vagues, y a-t-il dans ces deux autres religions des mouvements très populaires de lutte anti-laïcité et des mouvements politico-religieux, comme l’islamisme, qui travaillent à imposer une moralité et une justice religieuse orthodoxe, totalement en contradiction avec nos sociétés démocratiques?

À ce que je sache, à part pour les ultra-cathos et autres mouvements chrétiens radicaux qui travaillent surtout contre l’avortement et le mariage homosexuel et qui sont surtout actifs aux États-Unis, la laïcité et les démarches de sécularisation sont un héritage judéo-chrétien… (À lier quand même en partie négativement avec la religion, puisque ces démarches se sont fortement appuyées sur une contradiction du pouvoir religieux.)

Je suis Charlie, tu es relativiste

Vous vous souvenez sans doute, mais le biais de ce relativisme de la balance a été démonté magistralement avec l’épisode Charlie Hebdo. On accusait le magazine d’islamophobie (donc d’acharnement contre l’islam) et pourtant la preuve a été faite que les blagues et critiques en lien avec l’islam étaient minoritaires parmi toutes.

Est-ce que les accusateurs d’islamophobie se sont tus parce que cette idée de contrebalance était respectée? Non. Est-ce que le fait que les religions juives et chrétiennes se faisaient plus rentrer dedans par Charlie Hebdo a empêché le carnage qu’on sait? Non. Est-ce que l’équipe de Charlie Hebdo avait peur pour sa vie en lien avec des menaces chrétiennes ou juives? À ce que je sache, non. L’équipe de Charlie Hebdo a été massacrée parce qu’elle se moquait aussi de l’islam. Aussi.

Sur la sellette

Si l’islam est autant sur la sellette, c’est parce que la tendance intransigeante des musulmans les plus violents et les plus militants du lot est manifeste et qu’elle se solde par des morts. Sans oublier ceux qui travaillent dans un sens plus idéologique en attaquant la sécularisation et la laïcité des sociétés occidentales en se servant de la logique des droits et libertés à leur avantage. Et parce que ceux qui ne veulent pas entendre les critiques contre ces intransigeants (critiques qu’ils amalgament à tort à une critique contre tous les musulmans) sont incapables de se sortir d’une analyse émotive, ayant pour seul but de préserver leur posture vertueuse devant les défis que posent la mondialisation, l’immigration et le « vivre-ensemble ».

L’argument de la balance des critiques contre les religions est un argument fallacieux comme les autres. D’autant plus que c’est bien moins une critique religieuse qu’une critique sociopolitique. On se sert du supposé respect que devrait bénéficier les phénomènes religieux, parce qu’il y a des humains respectables derrière, pour contrer les libertés de pensée et d’expression, pour rendre au mieux suspect le bien-fondé des discussions à ces sujets.

Il ne faudrait pas en parler parce que « ce n’est pas grave », parce que « ça ne te dérange pas ». C’est un autre argument fallacieux qui ressort souvent. Alors, si ce n’est « pas grave », si « ça ne te dérange pas », pourquoi ne peut-on pas en parler ouvertement sans se faire dire qu’il faut autant critiquer les autres religions, ce qui induit un problème grave avec ceux qui veulent en parler?

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