Ça ne semble pas très loin d’un fait divers, mais cette interdiction par la ville d’Hampstead de faire du bruit durant des jours de fête juive donne des munitions à ceux qui ont en horreur le mot « accommodement »…
D’abord, le bruit. Il n’y a pas besoin d’être religieux pour ne pas aimer se faire déranger par des bruits assourdissants. Qui n’a pas déjà levé les yeux en l’air en entendant le voisin passer la tondeuse? (Les gens qui ont toujours habité en ville dans les quartiers où il n’y a pas vraiment de gazon, pensez à un autre bruit!) Mais bon, il y a toujours le moment : pour un lève-tôt ou un lève-tard (comme moi), un zélé qui décide de rafraîchir sa pelouse pas très longtemps après que le soleil se soit levé n’a pas le même impact.
Quoi qu’il en soit, il est toujours question de bon sens. Certaines activités font du bruit et nous devons vivre avec. Les réglementations des villes à ce sujet sont toutes différentes, mais quand il est question par exemple de musique trop forte, saviez-vous que l’idée bien répandue qu’on a le droit de faire du bruit jusqu’à 23h est tout simplement un mythe? Ma source : des policiers. Ma conjointe ne s’est pas gênée pour faire une plainte de jour voilà un peu plus d’un an. Et cela, en lien avec des voisins qui mêlaient musique forte et bidouillage, avec multiples essais, d’une petite moto qui décharge plus de décibels qu’une Harley Davidson modifiée pour marquer son territoire par le son.
Mais quand il est question de religion, on passe à un autre niveau. Le bon sens fout tout simplement le camp, ne pouvant pas s’immiscer dans un système de prescriptions dogmatiques. Impossible. C’est bien là où la minorité non-juive de la population de la ville d’Hampstead est prise au piège. C’est un peu comme si l’interdiction musulmane de manger du porc était imposée à tous.
Quand la liberté des uns ne s’arrête pas là où la liberté des autres débute.
(Photo : vero-b)
Tout à fait en accord avec votre opinion.
….Je respecte que les juifs aient le droit de pratiquer leur religion. Mais essayer d’imposer sa manière de vivre sa religion aux autres, c’est un manque de respect envers l’autre. Ce serait la même situation si dans un secteur musulman, on imposait à la population de ne pas faire de bruit lors de certains jours de fête de l’Islam.
….Je ne suis pas un expert de la Torah ou de l’Ancien Testament. Mais si je me souviens bien, un juif doit exiger le respect des préceptes de sa religion à toute personne dans sa maison ou dans sa famille. Ça ne peut pas signifier dans la ville aussi ou chez le voisin.
….À mon avis, cette demande ne peut pas être reçue comme étant une demande d’accomodement raisonnable.
« cette demande ne peut pas être reçue comme étant une demande d’accomodement raisonnable. »
Et pourtant, c’est devenu une loi!
Bien d’accord aussi. Une interdiction de faire du bruit devrait concerner tout le monde ou pas du tout, comme ce règlement qui permet de faire venir des policiers en tout temps afin de faire diminuer la pollution auditive (et parfois visuelle) de voisins tapageurs. Rien à voir avec la religion.
Par contre, cela a à voir avec la démocratie: si 85% des habitants d’une municipalité comme Hampstead partagent la même religion (et surtout, en l’occurrence, les mêmes coutumes culturelles lors des jours consacrés à leurs fêtes religieuses) et qu’un conseil municipal décide de mettre en place des règlements s’adaptant aux coutumes de ses commettants, alors je crois que c’est un débat à faire avec tous les citoyens, qu’ils soient religieux ou non. Si le citoyen va jusqu’en cour suprême pour combattre ce règlement, il est probable qu’il y perde des plumes… Ce serait plus simple de chercher des appuis auprès des élus pour faire « accommoder » ses besoins de réaliser ses travaux impérativement durant les trois jours, au total sur toute une année, que couvre ce règlement.
C’est le monde à l’envers, direz-vous, mais c’est aussi ça, la démocratie, la force du nombre (la plupart des Québécois ne savent pas comment en jouer, étant le plus souvent avachis devant des émissions divertissantes et lénifiantes).
@Jocelyn Girard
….Porter le turban pour un Sikh n’est pas une exigence religieuse, c’était une exigence militaire, comme le kirpan. Les Sikh pratiquant ne portent pas tous le turban. Il y a des sectes qui demandent de le porter. La décision de la Cour suprême s’est appuyée sur la conviction sincère du demandeur pour accorder un accommodement religieux qui n’en est pas un.
….Dans le cas du règlement d’Hampstead, vous vous appuyer sur le fait que la population serait à 85% juive. Où trouvez-vous dans le droit qu’un règlement à justification religieuse puisse être imposé parce que la population de la ville est à majorité de cette religion. Historiquement la tolérance religieuse était décidée au niveau de l’État. Et aujourd’hui c’est précisé dans des documents internationaux. Vous suggérez que ça devienne de compétence municipale.
…. De plus, qui pourrait démontrer que ce 85% de cette population est favorable à ce règlement. Il semble qu’il y en a qui ont trouvé le moyen d’ouvrir une autre ‘canne de vers’ (can of worms).
Dès que l’on introduit une composante religieuse dans n’importe quelle décision touchant la société civile, on sombre dans le ridicule sinon l’inéquité; que ce soit pour accorder un congé, fournir une piscine, donner un permis de construction ou de conduire,etc.
Il me semble qu’il est aussi interdit de faire du bruit pendant à peu près tous les autres jours fériés à Hampstead. Les fêtes juives ne seraient donc pas une exception. Non? C’est impossible?
@Gilles Guibord
Je crois que vous n’avez pas bien saisi mon point de vue. J’évite d’en faire une affaire religieuse. Si 85% de citoyens forment une communauté avec des coutumes et des valeurs qui font consensus, que celle-ci soit ou non religieuse, elle a un poids politique indéniable sur ses élus ! La judaïté de la population est secondaire, c’est son homogénéité qui fait l’objet de mon commentaire. Si la majorité de la population n’est pas favorable, il y a la prochaine élection pour le faire savoir… Je le redis, ce n’est pas une affaire religieuse, c’est une question démocratique.
Je crois que j’avais bien compris. Je vous remercie d’avoir précisé votre pensée. Approcher le problème par la démocratie, est-ce la bonne solution? Peut-on oublier l’aspect religieux?
….Le juifs savent que c’est à Montréal qu’ils sont les mieux acceptés dans le monde. Nous avons un niveau de tolérance exceptionnel. Dans ce contexte, je pense que c’était une erreur d’avoir imposé cette décision par règlement.
….Je pense qu’il aurait été beaucoup plus profitable d’avoir essayé d’obtenir cet accommodement par relation de bon voisinage. C’est plus long mais plus efficace. Lorsqu’une autre communauté, peut-être, moins bien intégré que la grande communauté juive utilise ce procédé, il y en a qui vont regretter de l’avoir laisser faire à Hampstead.
….Je me suis intéressé à l’expérience de la communauté juive de Boisbriand dans sa volonté de vivre à part. J’ai cru remarquer qu’elle n’avait pas réussi à entretenir des relations de bon voisinage. Je souhaite qu’à Hampstead, ce ne soit pas la reprise de cette expérience.
Bof, Marc « faut échanger Joe Sakic à un pour un pour Joé Juneau, j’veux dire euh, han! » Simoneau avait déjà proposé la même chose à Culbécor City concernant le bruit des tondeuses pour accommoder les chrétiens le dimanche…
http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/actualites/environnement/200908/24/01-895452-simoneau-entend-museler-les-tondeuses.php
Gillac,
comme toujours, bien d’accord là-dessus.
Mouton Marron,
je ne sais pas. Tu m’as l’air d’en savoir plus que moi…
David Gendron,
à un moment donné, si ça continue comme ça, il n’y aura plus de jours disponibles pour tondre son gazon…
@Gilles Guibord
Je ne sais pas s’il faut éluder la dimension religieuse, mais dans ce cas-ci, les citoyens peuvent revendiquer leur majorité pour imposer au reste de l’arrondissement une règle qui s’applique à tous. Est-ce correct? Est-ce qu’une majorité a toujours raison? Bien sûr que non.
Par ailleurs, je suis tout à fait d’accord qu’il est préférable d’obtenir des « concessions » du voisinage par le dialogue plutôt que par la loi, mais nous formons un peuple qui ne discute plus beaucoup avec ses voisins, surtout dans les grandes villes (ici, à Saguenay, c’est encore un peu possible). J’ai vécu à Montréal durant plus de 7 ans et les voisins étaient toujours étonnés, apeurés presque, lorsque je les abordais… Il faut peut-être commencer par là, les fêtes de voisins, si peu investie par les habitants des quartiers montréalais !