Je suis perplexe suite à ma lecture du texte du Comité Femmes GGI paru sur L’Axe du mad, en lien avec le spectacle de la Coalition des Humoristes Indignés (CHI), dont la CLASSE a refusé sa partie des profits qui lui était destinée.
Et ma perplexité a trouvé son point central dans ce passage :
L’humour au Québec se fait très souvent une courroie de transmission de l’oppression, puisqu’au lieu de la dénoncer, elle la renforce. En tant que féministes, nous ne pouvons tout simplement pas nous associer à ces gens. Comment pourrions-nous encore dormir en sachant que nous avons accepté l’argent de ceux et celles qui trouvent drôle d’imaginer que Jean Charest se fait violer en prison (blague faite lors du spectacle de la CHI), alors que le viol est un outil de domination patriarcale que nous dénonçons, à corps perdu, depuis toujours, et que cette « blague » banalise perversement la chose? La liberté d’expression est certes quelque chose qu’il faut se battre pour conserver, et nous nous battrons effectivement jusqu’au bout pour pouvoir conserver le droit de dire que les humoristes québécois, dans leur vaste majorité, ne sont pas drôles et que leurs propos mettent des bâtons dans les roues au progrès social.
Pourquoi, « puisqu’au lieu de la dénoncer, elle la renforce »? J’aurais aimé une explication au lieu d’un simple constat. Par quel mécanisme une blague misogyne de Mike Ward ou de Jean-François Mercier participe de la « courroie de transmission de l’oppression », étant donné qu’il est très possible pour n’importe qui de moindrement sensé de faire une distinction énorme entre un mononcle épais (effectivement misogyne) qui raconte une blague très moyenne au niveau humoristique et un humoriste de métier qui, visiblement, joue avec (au minimum) le deuxième degré?
Pour ma part, je crois que le problème réside bien plus du côté du spectateur que de l’humoriste. Si je ris d’une blague misogyne, c’est que je ne le suis pas, que je suis surpris par son exagération et sans doute son originalité : le fait de ne pas l’avoir vu venir même si je m’attends à ce que, par exemple, Mike Ward ou Jean-François Mercier fasse une blague du genre. Si tel autre la rit parce que ça le conforte dans sa misogynie et qu’il se sent en quelque sorte « compris » par l’humoriste, c’est son problème, pas celui de l’humoriste. De toute façon, tant qu’il y aura de la misogynie, il y aura matière à en rire. C’est un peu comme le défilé de la fierté gaie : tant qu’il y aura de l’homophobie, cet événement sera utile.
Mais je crois que l’humour s’adresse beaucoup au caractère imparfait de l’humain. Même s’il le cache bien, l’humain est bête et méchant. Le fait qu’il soit civilisé n’a pas tout à fait réussi à faire disparaître ses tares. Il sait que ce n’est pas bien de rire des autres, alors il aime bien quand un autre le fait à sa place. Il y a de l’excitation de braver un interdit dans ce rire. Il y a aussi, pour la plupart, je l’espère, une remise en question de cet interdit qui aboutit à un renouvellement moral. Donc, je ne crois aucunement que l’humour banalise, au contraire. Et je me demande vraiment ce qui fait rire les membres de ce Comité Femmes GGI. Sélection du Reader’s Digest? (Oui, je sais, elles n’aimeront pas ma blague…)
Parce qu’il ne faut pas demander à l’humour de faire ce que l’éducation (en général) ne fait pas. Les humoristes se servent du contexte dans lequel nous vivons pour concocter du comique, et leurs spectacles ne sont pas des conférences sur leurs idéologies. Et un minimum de culture permet de comprendre ça. Alors, je mets pratiquement sur le même pied d’égalité celui qui prend une blague sur les femmes au premier degré avec contentement et la féministe qui s’en fâche.
Pour le premier, j’espère que le progrès social le fera disparaître. Pour la deuxième, je ne peux pas nier qu’elle y participe à ce progrès, surtout parce qu’elle pousse à la réflexion. Pour les autres, dont je fais partie, j’espère que c’est surtout le sens de la mesure qui nous pousse à accepter l’humour décapant et irrévérencieux. Pour le reste, c’est question de goût, et c’est ça le plus important. Il n’y a pas mort d’hommes…
(Photo : bandita)
D’accord avec l’affirmation des Femmes GGI que « les humoristes québécois, dans leur vaste majorité, ne sont pas drôles ». D’accord avec toi sur la nuance importante qu’une partie du problème réside « du côté du spectateur ». Mais si des humoristes défendent leurs farces niveau « caca, pisse, crotte, cul, etc. » d’être prises au 1er degré, c’est que, selon moi, le 2e degré n’est pas nécessairement drôle non plus. Et si des fans de ce genre d’humour étaient plutôt « restreints » au 1er degré, qu’en est-il alors de l’humour? La question se pose.
Moi j’ai de la difficulté avec l’assertion comme quoi les humoristes « ne sont pas drôles ». Ces féministes auraient-elles la science infuse au niveau du jugement envers l’humour. J’aurais préféré une formule du genre : « nous ne les trouvons pas drôle ».
Le féminisme et l’humour.
Alors. Commençons par l’humour. C’est comme bien bien personnel. Un peu comme l’amour, mettons. Next!
Pour le féminisme, comment dire; je ne vois toujours pas comment ce bidule peut être autrement que sexiste. En fait, il ne peut pas être autrement que sexiste, Comités de femmes à l’appui. Next!