Je vais me faire l’avocat du diable, un tout petit peu, pour commencer. Amir Khadir, même s’il est un élu, avait tout à fait le « droit » de se faire arrêter comme n’importe quel citoyen qui brave la loi 12 (la loi 78 pour les intimes). Mais ce n’est pas une raison…
Je veux bien que les policiers puissent faire respecter la loi selon leur bon vouloir (on appelle ça le pouvoir discrétionnaire), mais menotter des gens pour avoir contrevenu à un article du Code de la sécurité routière (même pas pour la loi tant contestée), c’est plutôt discutable — et je suis gentil. Encore plus alors qu’Amir Khadir expliquait que tout était calme. Sans oublier que ça s’est encore fait avec la technique minable de la souricière…
En tout cas, ç’a donné un bon spectacle, ce que nos amis de la droite n’ont cessé de marteler sur Twitter, comme quoi le député de Mercier attendait depuis longtemps ce moment pour avoir l’air d’un martyr. Mais que c’est drôle. De toute façon, si le mouvement anti-gouvernemental (pas celui de droite, celui de gauche) avait besoin d’un peu de gaz pour redémarrer au quart de tour, voilà l’occasion!
Encore, j’oscille entre deux interprétations (vous me direz farfelues) de l’événement. Je me suis demandé presque sérieusement si les policiers qui ont arrêté Amir Khadir savaient de qui il s’agissait. C’est que je suis quand même réaliste, ce n’est pas tout le monde qui suit l’actualité politique, et puis Québec solidaire, un petit parti avec un seul député élu, n’est pas vraiment très souvent sur la sellette dans les médias. Et quand on pense que des gens sont capables de ne pas savoir qui est le Premier ministre actuel, cette théorie tient un peu la route, il me semble. Sinon, les policiers savaient très bien qui il est et ils se sont fait un plaisir fou en se payant la traite d’humilier le symbole du Plateau, ce quartier tant honni par une bonne partie de la population de Québec, ce royaume où les éboueurs radiophoniques font la loi (de la pensée).
Ce sont des questions qui resteront assurément sans réponses, mais quoi qu’il en soit, pour ce qui est des relations publiques, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux, enfin, tout dépendant de quel côté on se place. Les uns y verront une raison extrême d’être indignés alors que les autres se réjouiront comme si leur équipe venait de compter un but.
Pour ma part, je pense que dans un sens tout le monde perd, parce que ça ne fait qu’attiser la tension qui est déjà trop forte pour une population qui jadis se refusait de parler politique en famille, encore moins en public. Mais bon, il était peut-être temps, ça nous pourrissait de l’intérieur. Comme on dit, parfois, il faut faire sortir le méchant!
(Crédit photo : http://zone911.fm93.com/)