À l’ère de la godwinisation des débats?

D’entrée de jeu, Nathalie Petrowski accuse Stéphane Baillargeon d’avoir pondu un texte « assez misogyne merci » avec son « Médias – La madamisation ». Pourtant, l’auteur avait très bien compris la forme du piège dans lequel il s’empêtrait et il l’a tout bonnement démantelé, juste avant la fin :

« Évidemment, on se comprend, la madamisation n’a rien à voir avec une quelconque essence féminine. C’est une attitude. Une idée générale. »

Selon mon analyse, cette accusation prend sa source d’un syllogisme fallacieux, qui va comme suit. L’auteur parle d’un sujet que l’on peut associer aux femmes. Il n’en parle pas en termes positifs. Donc, le texte est misogyne. C’est tellement fluide. C’est comme traiter de raciste quelqu’un parce qu’il discute d’immigration, mais pas seulement en l’encensant. Comme traiter d’antisémite quelqu’un d’antisioniste. Comme traiter quelqu’un de communiste parce qu’il est d’accord avec une mesure étatique. Etc.

En conséquence, je ne peux pas m’empêcher de penser à la loi de Godwin. Cette loi qui « s’appuie sur l’hypothèse selon laquelle une discussion qui dure peut amener à remplacer des arguments par des analogies extrêmes ». Officiellement, c’est en lien avec Hitler, le nazisme, le fascisme, mais j’aimerais aujourd’hui m’en tenir aux « analogies extrêmes », comme celles que j’expose plus haut. Alors, si on peut inclure dans l’idée de « discussion qui dure » les réponses que se font les chroniqueurs patentés d’un journal à l’autre, et même, encore mieux, minimiser cette idée de durée, nous avons affaire à quelque chose comme la godwinisation des débats.

Pour ce qui est des médias, est-ce que ce serait l’information-spectacle qui commande ce genre de raccourci? Quelque chose comme la fabrication de bombes à attirer du trafic? Sinon, pour ce qui est des discussions entre citoyens sur le web, la question plus générale, en fait, c’est bien ce que j’appellerais de l’aveuglement volontaire, ou de la lecture assistée par la mauvaise foi. Ce qui fait qu’on caviarde mentalement les parties du texte qui ne correspondent pas à notre préjugé défavorable.

N.D.L.R. C’est le genre de médecine que j’ai beaucoup goûté ces derniers temps…

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2 réponses à À l’ère de la godwinisation des débats?

  1. Martin dit :

    Ici (sur ton site) et ailleurs dans la blogosphère on tempère et revise avec humour à un rythme parfois trop rapide mais définitivement le rythme un journal-par-jour est dépassé et la chronique de Petrovski arrive 2 000 ans en retard sur tout le monde. D’un autre côté, les missiles de croisière vont plus vite mais ça ne veut pas dire qu’ils touchent la cible!

    Le crime total ici est d’être en retard ET off

  2. Martin,

    « Le crime total ici est d’être en retard ET off »

    mais ça, c’est une autre histoire…

    En tout cas, ce rythme de croisière sied encore bien à la partie de la population débranchée, ou en cours de branchement. Ça risque de changer, mais peut-être trop lentement à notre goût! Et ça me fait penser à ceux qui devront s’acheter un bidule pour continuer d’écouter la télé avec des oreilles de lapin… 😉

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