Réveillez-vous!

 

 

J’espère vraiment que le bouche-à-oreille virtuel a fait son travail et que vous l’avez déjà lu (même si aujourd’hui un texte sur le web de plus de 2500 mots, c’est souvent juste une bonne raison de ne pas le lire…) Sinon, ça se passe par là : « Lettre ouverte aux autres humains », publié sur le site du Voir, par Denis McCready, producteur du documentaire « Chercher le courant » (un film de Nicolas Boisclair et Alexis de Gheldere, avec Roy Dupuis).

Bien que mon degré d’indignation soit assez élevé, comme il est permis de le lire ici (et à mes anciennes adresses) depuis mars 2007, ce texte a réussi à le monter d’un cran. Et en même temps, il a réussi à m’entarter, à me remettre sur le visage mon insuffisance, à pointer le lien qui m’unit à ceux qui attendent « que quelqu’un donne le signal », à ceux qui pensent que « la solidarité, c’est quand deux lofteurs se mettent en gang pour bitcher une conne obsédée par la grosseur de son cul à la TV. »

C’est d’une tristesse… Et c’est encore plus triste de constater que ce message, il ne sera lu que par ceux qui comme vous et moi ont le degré d’indignation assez élevé, aucunement par ceux qui passent leur vie sur le tapis volant du divertissement, gelés raides de ne plus se rendre compte qu’ils sont sous soluté corporatif : la masse critique. Et en même temps je ne peux pas croire tout à fait ce que je viens d’écrire…

Il y a tout le passage où il est question de la dilapidation de nos ressources naturelles :

 

on ne lève pas le nez de nos téléphones «intelligents» quand notre premier ministre nous annonce qu’il va vendre le grenier de nos ressources naturelles à des pays étrangers pour une bouchée de pain. On ne rouspète pas contre les implications de cette décision du gouvernement de donner un prix à l’eau potable traitée par les usines de notre ville afin que des compagnies l’embouteillent pour faire des millions de profits. On ne bronche pas lorsque notre ex-ministre des Ressources naturelles, Mme Nathalie Normandeau, fait de l’à-plat-ventrisme devant la compagnie Pétrolia, respectant un ordre de cette corporation de fermer sa gueule sur l’entente entre cette compagnie et Hydro-Québec: la société d’État a cédé le pétrole de l’île d’Anticosti – une ressource collective – pour une redevance gardée secrète pour l’instant. Je vous épargne l’énoncé du bilan environnemental possible, mais sachez que cette réserve de pétrole est accessible seulement par fracturation hydraulique et qu’elle pourrait entraîner jusqu’à 3 trillions de dollars de profits. Si on coupait la pomme en deux avec Pétrolia, on réglerait la dette du Québec et on pourrait payer les soins de santé de tous les enfants à naître cette année jusqu’à leur mort. Mais M. Charest préfère vendre nos ressources naturelles au moins offrant. Les compagnies minières vident notre sous-sol depuis des années pour une petite poignée de change (à peine 3% de redevances réelles) et si l’exploitation du gaz de schiste allait de l’avant, cela se ferait sous ce régime; autant dire qu’on prendrait un risque environnemental phénoménal avec la vallée du Saint-Laurent – notre garde-manger – pour des pinottes. […] mais avec le projet de la Romaine, on nage en pleine absurdité de dépenser huit milliards de dollars pour produire de l’électricité qu’on va vendre à perte. Le Plan Nord du gouvernement Charest va coûter 80 milliards de dollars d’investissement, mais va rapporter seulement 28 milliards de revenus à l’État… Il est fou cet homme ou quoi? On dépenserait 80 pour gagner 28. Imaginez la tête d’un banquier ou d’un directeur de Caisse populaire si vous alliez négocier un prêt pour une maison avec ce genre de logique de revente. On vous expulserait à coups de pied dans le cul. Si on laisse faire le gouvernement actuel, l’avenir de nos enfants se résumera à travailler sous terre dans une mine du Plan Nord pour un patron étranger. Je n’ai pas envie de devenir l’esclave d’une corporation qui pompe nos ressources et vide notre pays de sa richesse. L’eau, le pétrole, les mines, le gaz naturel, l’hydroélectricité, ce gouvernement se comporte comme un proxénète et nous vend à des vautours en nous disant que c’est pour notre bien. Et quand ils nous auront bien vidés, qu’on ne sera plus qu’un territoire expurgé de ses ressources, ils nous laisseront dépenser le peu d’argent gagné dans cet échange qui s’apparente à un vol pour nettoyer les océans de merde toxique qu’ils auront laissés derrière eux.

 

J’avoue ma faute, je n’ai jamais écrit une traître ligne sur aucun de ces sujets. Peut-être que je suis engourdit, autant que les autres. Peut-être que j’ai trop l’impression que ça me dépasse. Peut-être.

Mais il est peut-être temps de faire plus que de juste écrire.

 

(Photo :larimdame)

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3 réponses à Réveillez-vous!

  1. gillac dit :

    Ajoutez à cela l’éolien où les risques d’affaires sont quasi nuls pour le privé puisque Hydro s’engage à acheter l’énergie produite à un prix fixé d’avance. Curieusement deux compagnies semblables à Hydro, Florida Power et EDF de France ont ou vont investir au Québec dans la production éolienne alors qu’Hydro n’a pas le droit d’être producteur. Pourtant la meilleure décision économique dans toute l’histoire du Québec n,est-elle pas la création d’Hydro.

  2. reblochon dit :

    Je ne vois pas ce qui choque pour une colonie que de se faire piller ses ressources avec la complicité de ses rois-nègres… cela va avec son statut !

  3. modotcom dit :

    très bien dit.

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