Peut-être que je parle à travers mon chapeau, mais je ne crois pas pouvoir arriver à une opinion tranchée à la fin de ce billet.
Pour une version d’une pièce de théâtre du tragédien grec Sophocle, Wadji Mouawad travaille avec Bertrand Cantat, l’ex-chanteur du groupe Noir désir, qui a fait de la prison pour avoir « été reconnu coupable de la mort de la comédienne Marie Trintignant en 2003 ». Selon Lorraine Pintal, « ils sont devenus des amis ».
Nous sommes bien sûr dans le registre de la tragédie. Et, à la base, il faut prendre en ligne de compte que le chanteur n’a pas été condamné à la peine de mort pour son crime. Alors, on en vient à se demander si la condamnation, par plusieurs, de sa vie artistique, n’est pas un moyen de pallier une Justice qui lui aurait été trop clémente…
Là est toute la question de la réhabilitation. Est-ce qu’un menuisier reconnu coupable de meurtre pourra refaire et vendre des meubles à sa sortie de prison? Sûrement que oui, étant donné le caractère beaucoup plus anonyme de son travail, comparé à un chanteur ou tout autre « métier » public.
Mais d’un autre côté, quand on sait, on ne peut pas faire comme si on ne savait pas. Moi, en tant que DJ, j’ai encore de la difficulté à jouer « Le vent nous portera » de Noir désir, même si c’est une pièce que j’adore. Je ne peux pas l’écouter non plus pour mon bon plaisir, puisque je ne fais que penser à son crime. Mais bon, l’émotion et la musique sont tellement liées, ça ne doit pas tellement aider.
Cependant, je me demande, est-ce qu’on voudra revoir Jean-François Harrisson à la télé s’il est reconnu coupable? Dans le fond, quel que soit le verdict, j’en doute fortement.
Mais peut-être que je fais une erreur en tombant ainsi dans la généralité. Tuer sa femme ou posséder/distribuer de la pornographie infantile n’est pas la même chose, et pour la Justice, et pour les gens. J’en suis moi-même la preuve : je ne suis vraiment pas certain que je serais contre la peine de mort pour les pédophiles actifs. Et pour un gars comme Jean-François Harrisson trouvé coupable, je serais très fâché qu’il récolte une sentence bonbon (ce n’est même pas une tentative de jeu de mots…).
Par contre, pour ce qui est de Bertrand Cantat, on peut toujours classer son crime dans la catégorie « passionnelle », même si ça ne pardonne rien. Pour la plupart, il sera toujours plus un tueur qu’un artiste. Il continuera donc de payer de sa vie. Sa dernière chance est que la mémoire collective s’efface avec le temps.
Ajout :
Pour continuer votre lecture :
http://www.cvoyerleger.com/2011/04/cantat-1.html
http://www.cyberpresse.ca/chroniqueurs/marc-cassivi/201104/04/01-4386493-le-droit-de-vivre.php
http://www.patrickdion.ca/2011/04/pour-en-finir-avec-cantat.html
http://www.labarbe.ca/podbarbe-le-faux-scandale/
http://www.chroniquesdupatio.ca/2011/04/05/on-fait-dur-ben-dur/
http://savignac.wordpress.com/2011/04/05/quand-bertrand-cantat-me-confronte/
http://www.voir.ca/blogs/tristan_malavoy-racine/archive/2011/04/06/vade-retro-bertrand-cantat.aspx
Dali était un sale enfoiré fasciste, et pourtant ça ne l’a pas empêché d’être un artiste génial. Des militaires tuent volontairement à tous les jours et on les considère comme des héros… Les CONservateurs sont en faveur de la peine et on risque de les aider à devenir majoritaires…
Cantat a certes commis un voix de faits contre son ex-compagne, mais ce n’était pas un meurtre prémédité ni désiré au moment où il l’a commis…
Je suis contre la peine de mort, car il s’agit d’un crime. Il faut étudier le comportement humain, pas juste le réprimer…
Proudhon était un sale trouduc puritain et anti-sémite, et pourtant il est un des meilleurs penseurs anarchistes qu’on ait connus…
C’est une « échelle » difficile à baliser.
Polanski, est-ce qu’on arrête de voir ses films?
Tsé l’année dernière lors d’un party, on a appris après la soirée que le traiteur avait déjà été reconnu coupable d’attouchements envers ses employées: l’avoir su avant, on ne l’aurait pas choisi. Ça se rapproche de ton menuisier, tsé.
Je crois que, au final, tout appartient à chacun de faire le lien entre le « métier » et les gestes commis, et c’est au « client » de choisir de ne pas consommer, que ça soit de l’art ou un filet de porc.
« Institutionnaliser » ça, ça serait à mon avis une erreur puisque comme tu dis, il ne faut pas faire fi de la réhabilitation et que « théoriquement » et légalement, Cantat a payé sa dette (alors que Polanski non, mettons.)
Polanski un pédophile reconnu, un bon exemple… (même si je suis contre l’acharnement judiciaire contre lui en raison des délais et surtout de la volonté des victimes…)
Vous avez bien analysé tout le dilemme que posent les gestes de pardon. Si je n’aime pas le théâtre et encore moins Sophocle, la décision est facile à prendre. Mais si je suis un passionné de théâtre et un inconditionnel de Mouawad, la réponse est moins évidente. Ce n’est pas vrai que la vie est facile…
Vous avez fort bien analysé le dilemne que pose la question du pardon ou de la rédemption. Si je n’aime pas le théâtre et encore moins Sophocle, la décision est facile à prendre. Mais si je suis passionné par le théâtre et un fan inconditionnel de Mouawad. les choses se corsent. Comme quoi la vie n’est pas toujours facile et pouvant se résumer entre le blanc et le noir absolus. Un moment donné, on se retrouve seul avec sa propre conscience.
@ David
«Dali était un sale enfoiré fasciste, et pourtant ça ne l’a pas empêché d’être un artiste génial.»
D’ailleurs, je me suis toujours refusé d’acheter ses toiles…
Crime passionnel ou non, cela n’enlève rien à la gravité de l’acte. Il a tué sa conjointe. Point à la ligne. Je ne pourrais pas applaudir sa prestation. C’est pour moi viscéral. Et je ne comprends pas l’attitude de Lorraine Pintal d’avoir accepté pareille chose. Inadmissible.
David,
pour ce qui est de la peine de mort, je pense comme toi, sauf pour les pédophiles…
Patate,
mais la différence entre Cantat et le traiteur, c’est qu’il est certain que les gens sont au courant pour Cantat.
« il ne faut pas faire fi de la réhabilitation et que « théoriquement » et légalement, Cantat a payé sa dette »
mais à voir la réaction de beaucoup de gens, il a encore une grosse dette et il ne pourra jamais la payer totalement.
Gillac,
non, y’a rien de simple, sauf pour Martineau :
http://martineau.blogue.canoe.ca/2011/04/04/felicitations_au_tnm
Lucia Gauthier,
« Je ne pourrais pas applaudir sa prestation. »
c’est tout à fait compréhensible.
Et sûrement que Lorraine Pintal a pesé le pour et le contre. Elle va peut-être s’en mordre les doigts. Ou ce sera un grand succès. Je ne pourrais pas gager sur un ou l’autre.
Pour continuer votre lecture :
http://remycharest.com/wordpress/2011/04/05/a-lenvers-a-lendroit-quelques-mots-sur-wajdi-mouawad-et-bertrand-cantat/
Quelques tweets en lien avec ce sujet :
Martineau a vraiment le tour de subjectiver le débat Mouawad-Cantat : http://bit.ly/hwjneJ
J’en viens à me dire que le débat Mouawad-Cantat pourrait se régler par cette question : avons-nous confiance ou non en la Justice?
Dur constat pour la Justice : Bertrand Cantat a encore une très grosse dette à payer et il ne pourra jamais en venir à bout.
Jamais ça aurait passé en France!!! Là-bas, les Trintignant ont le bras long!!!
Il n’y a qu’au Québec où un artiste-meurtrier peut se voir réserver un tel traitement royal!!! Le Québec appuyait les pédophiles Roman Polanski et André Brassard, juste parce qu’ils sont des artistes!!!
«est-ce qu’on voudra revoir Jean-François Harrisson à la télé s’il est reconnu coupable?»
Non, sa carrière, telle qu’il l’a connue, est finie!!! En plus, ce type a des araignées dans le plafond!!!
Mais, ça ne me surprendrait pas que l’on essait de lui redonner sa place, dans le showbiz québécois, parce que…c’est un artiste, «un havre de liberté», pour citer Marc-André Lussier, le même qui défendait Polanski, en 2009!!!
Et quand on est fan de noir dez depuis vingt ans, et que le droit à la réhabilitation est une notion à laquelle on est très attachée, la décision semble facile…
Quoique…C’est grace à Noir Désir que je me suis intéressée au travail du metteur en scène….Et c’est Sophocle qui me freine…
Lorsque la pédophilie sera vraiment traitée et que les récidivistes seront castrés volontairement, la peine de mort (qui est un crime) n’aura aucune justification…
En ce qui concerne Cantat, je n’ai aucun problème à ce qu’il séjourne ici. Ce sont aux clients de décider s’ils veulent l’encourager ou pas…
Soit on est pour la réhabilitation, soit on est contre, et alors il ne subsiste que la prison à vie (je ne vois pas la peine de mort comme une option). Or, comment se réhabiliter sinon en faisant ce qu’on fait le mieux? Si on est pour la réhabilitation, je ne vois pas comment on peut refuser un marteau à un ouvrier, un micro à un animateur, un ampli à un musicien… Il n’en reste pas moins que la réhabilitation publique d’un personnage public n’est possible que si… le public suit. On a bien laissé un micro à Robert Gilet à la radio de Québec, mais le public n’a pas suivi comme en font foi ses cotes d’écoute faméliques. Alors on verra bien avec Cantat. Mais je n’ai pas beaucoup de doute dans ce cas: dans le contexte, la pièce de théâtre sera sans aucun doute un succès, puisqu’il ne faudra que quelques milliers de spectateurs pour qu’il en soit ainsi.
Pour ce qui est de la comparaison avec des personnages odieux qui n’ont pas été condamnés pour des crimes punissables ou qui n’ont toujours pas payé des crimes commis, elle est bancale et non pertinente.
C’est vrai qu’on peut difficilement trancher sur le réel degré de culpabilité de Cantat et, donc, sur ce que serait la sentence la plus «juste», à moins de connaître les détails les plus intimes, et même là… Mais je m’étonne quand même, en lisant les commentaires ici et ailleurs, de voir à quel point on amalgame aisément les travers plus ou moins criminels d’artistes ou de personnages publics pour justifier sa «tolérance» à l’idée d’applaudir sur scène un gars qui a battu à mort sa conjointe – actrice remarquable dans ce cas (je le mentionne parce que, tristement, la conjointe anonyme devient facilement une abstraction qui amoindrit la capacité de certains à mesurer l’horreur de l’acte tout en stimulant les plus douteuses «rationalisations»).
Votre réflexion sur l’exercice de son métier après une condamnation est intéressante. Il me semble, pour ma part, que la distinction mérite qu’on s’y attarde lorsque, comme c’est le cas ici, le métier en question repose justement sur l’adulation. À la limite, Cantat serait écrivain et on estimerait, malgré ce qu’il a fait, que son écriture reste porteuse d’un certain enseignement, je pourrais comprendre. Mais l’applaudir sur scène???
Et, très franchement, quelle que soit l’ouverture qu’on peut avoir à l’égard de la réhabilitation des assassins involontaires, je vois mal comment on peut blairer quelqu’un qui, ayant commis un tel acte (encore effroyablement présent dans la mémoire de tous ceux qui ont un minimum de sensibilité – et je ne dis rien de ceux pour qui Marie Trintignant n’est pas qu’un simple nom sur une affiche), a encore l’outrecuidance de remonter sur scène. Que ce type ne se garde pas une petite gêne, qu’il n’ait pas la décence élémentaire de se faire un peu oublier, là vraiment, comment ne pas y voir de l’arrogance ou du déni ou une incapacité viscérale d’assumer ses actes?
@MP:
On ne peut pas nier le droit à un individu, criminel ou pas, de faire ce qu’il veut de sa vie. C’est vraiment au public à suivre ou pas. Au pire, le gars sera seul sur la scène.
Pour comprendre un artiste, il faut penser en artiste.
L’artiste est vaniteux. Il a besoin de l’amour du public pour s’aimer. Dans le cas de Cantat, c’est encore pire. Il a perdu une grande partie de cet amour, il le cherche encore plus. Penser qu’il pourrait « se garder une gène » est irréaliste. C’est pour ça qu’on voit des artistes « has been » comme Claude Dubois faire des pitreries… Ils recherchent coûte que coûte un peu d’amour du public, peu importe leur ridicule.
Jean-Luc,
je crois que tu fais fausse route en amalgamant ainsi ce débat et celui, anti-artistes, si cher aux droitistes.
Le problème, c’est qu’il a à exercer son « métier » en public, et qu’il est connu du public.
Je me demande où tu vois un traitement royal… Il semble qu’il n’y a que Mouawad et Pintal pour l’accueillir à bars ouvert. Majoritairement, les gens sont mal à l’aise avec ça.
Pour ce qui est de JF Harrisson, j’aurais presque le goût de gager avec toi qu’il est brûlé pour la vie…
David Gendron,
« En ce qui concerne Cantat, je n’ai aucun problème à ce qu’il séjourne ici. »
http://twitter.com/#!/LeDeenoe/status/55319805305159680
Sylvain L,
pour Cantat, le vrai test sera quand il sortira un album solo ou avec un groupe (si un groupe ose…).
Jean-François Harrisson est un malade … puisque la pédophilie est une déviance qu’on peut soigner il parait. Donc ce n’est pas comparable à deux alcoolo-drogués qui se sont tapés sur la gueule avec la fin tragique que l’on connait.
Bien sur qu’on ne voudra pas revoir un mec aimant les petits-enfants dans des émissions pour enfants, pas plus qu’on voudra voir Cantat animer un atelier pour les femmes battues.
Mais personnellement, une fois sa peine purgée et tout risque de récidive écarté, Harrisson comme présentateur télé, je m’en fous.
Et je ne vais pas arrêter d’écouter la musique ou regarder les films et tableaux de tous les artistes qui ont été violents ! Sinon tu te prives d’un paquet de chef d’oeuvres. D’ailleurs je doute que tu connais la moitié des histoires sordides de certains artistes à une époque où les médias ne faisaient pas la couverture du moindre drame mondain.
@ Renart.
Cantat doit travailler, c’est vrai et je n’ai pas dit le contraire!!! Alors qu’il se trouve une job, dans une shop, et qu’il se la ferme, en gardant l’image de Marie Trintignant baignant dans son sang, pendant que monsieur cuvait son vin, confortablement, dans son lit douillet!!!
Je ne suis pas anti-artiste!!! Pour moi, un artiste n’est pas plus important que n’importe quel autre travailleur!!! Je veux juste que l’on arrête de me prendre pour une valise, en me faisant accroire que les artistes ont le droit de tout faire, juste parce qu’ils représenteraient «un havre de liberté»!!!
Je m’excuse, mais les lois sont faites, pour tout le monde, y compris pour les artistes!!! Tu n’as pas le droit de battre ta femme et de la tuer ou de saôuler et d’agresser sexuellement un enfant!!!
J’aurais eu la même réaction, si ça avait été Joe Blow de l’autre côté de la rue qui aurait tué sa femme et qui se serait trouvé cette «rédemption»!!!
Qu’un criminel s’appelle Bertrand Cantat ou Roman Polanski ou André Brassard ou Joe Blow ou Quidam Lambda (pour paraphraser Pierre JC Allard), je m’en fous!!! Moi, je regarde le crime et les trois premiers personnages que j’ai nommé (les deux n’existant pas) n’ont pas payé leur dette à la société, quant à moi!!!
Pour ce qui est de Harrisson, je tiens le pari!!! 😉
Oups: «…les deux derniers n’existant pas…»
@ reblochon.
La pédophilie ne se traite pas, ce n’est pas vrai, ça!!! Ça, c’est une vue de l’esprit!!! Camil Girard a, clairement, dit, à ce journaliste français, que les thérapies qu’il a suivies en prison n’ont rien donné, car la pédophilie est dans sa nature!!! Donc, c’est dans sa nature, c’est en lui, c’est dans ses culottes, bon!!! Ce problème-là ne se passe pas dans la tête, mais bien entre les deux jambes!!!
http://www.cyberpresse.ca/actualites/quebec-canada/justice-et-faits-divers/201004/08/01-4268405-la-therapie-ca-na-rien-donne-un-pedophile-quebecois-filme-a-son-insu.php
Par contre, la pédophilie, même si elle ne se traite pas, peut, quand même, se contrôler, si les pédophiles, peu importe leur statut social, sont castrés et si ils sont menregistrés, dans un Registre national des pédophiles!!!
Dès que l’on abjure la société, celle-ci, en retour, ne nous doit plus rien!!!
Peut-être que ça viole la loi sur l’immigration, en effet. Curieusement, elle est appliquée plus vigoureusement chez les non-occidentaux…
« L’artiste est vaniteux. »
Pas tous…
@ Vince
Mouais… malheureusement, ce que tu avances est trop souvent vrai. Mais bon, idéaliste que je suis peut-être, je conçois tout de même que des artistes puissent se révéler intègres et capables de courage à l’occasion…
D’ailleurs, j’avoue ne pas vraiment savoir quoi penser de la démarche de Mouawad dans cette histoire. Mais, en tout cas, si la rédemption et le pardon en forment vraiment le cœur, alors je crois que cela exige aussi l’abnégation. Et dans ce cas précis, à mon sens, si Cantat est un véritable artiste, cela implique qu’il trouve une motivation à créer qui ne s’alimente plus au besoin d’être acclamé.
Que Cantat travaille en présentant des spectacles ou en sortant des albums, je n’ai rien contre.
Qu’on l’invite à participer à une pièce de théâtre au Québec, j’ai en beaucoup contre. Surtout pour cette pièce là…
Darwin, tu n’as qu’à pas y aller pour ne pas cautionner cela. On ne va pas établir un tribunal du bon goût qui décidera qui aura le droit de se produire et sous quelle condition. Un tribunal qui te dit dans quoi tu peux jouer ou ce que tu peux jouer ?
*********************
Discuter du choix d’un créateur en soulevant l’argument de la moralité … c’est bien conservateur comme esprit. Il n’y a ni appel à la haine, ni propos sexiste, raciste, etc.
Salut,
Moi j’ai décidé ne pas trancher parce que aucune des opinions émises au couteau dans cette affaire ne m’a comblée. Cette souffrance là est aussi la nôtre, c’est le propos que je vous partage ce soir : http://savignac.wordpress.com/
En passant, j’ai fait plein de mises à jour de mon billet avec des liens vers d’autres textes à ce sujet.
@ Reblochon
«On ne va pas établir un tribunal du bon goût»
C’est vrai, aimer ou ne pas aimer qu’on embauche dans une pièce féministe un artiste qui a tué sa femme à coups de poing, ce n’est finalement qu’une question de goût pour certains. Pour moi, c’est plutôt une question de dégoût.
Solution simple pour un problème non-moins simple:
http://www.gangsorus.com/images/electric%20chair.png
Hahahahahahahaha! 😈
Bonjour,
Je suis assez d’accord avec les commentaires de MP et de Renart. Moi non plus, je ne sais trop de quel côté tranché.
La question que je me pose; si j’avais commis ce genre de crime odieux et que je serais une vedette de la même trempe que Cantat, est-ce que je me sentirais apte et prête à monter sur une scène? Si je le ferais, quelles seraient alors mes intentions? (Et quelles sont d’ailleurs les intentions de de Mouawad?). Je veux dire, à commettre un tel crime, j’aurais de la difficulté à m’accepter et je crois que cela prend une certaine dose d’acceptation de soi pour monter sur scène, à la différence de travailler dans l’ombre.
Cela me renvoie à cette question; jusqu’à quel point Cantat a compris son crime?
Désolé pour ce hors-sujet, mais étant que nous sommes en campagne électorale fédérale et que les médias sociaux sont importants pour vous, je me demande ce que vous pensez de ceci:
http://www.lapointelibertaire.org/node/1611
étant donné…
Voici mon point de vue sur l’affaire Cantat:
http://anarchopragmatisme.wordpress.com/2011/04/06/sur-laffaire-bertrand-cantat-ou-pourquoi-je-ne-me-presenterai-jamais-en-politique/
Ma réflexion à ce sujet, après vous avoir lu, et quelques textes, et quelques discussions sur Twitter :
https://www.renartleveille.com/mouawad-et-cantat-apres-le-dilemme
Je suis pas mal du même avis que toi. J’ajoute seulement une petite idée.
Dans les commentaires lus ou entendus, on affirmait qu’on était pour sa réhabilitation, mais qu’elle devait se faire en privé, pas sur une scène. Le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu, sénateur et fondateur de l’Association des familles de personnes assassinées ou disparues, a affirmé dans une entrevue accordée à TVA: « Il faut quand même que l’exposition du criminel dans sa réhabilitation soit discrète, qu’elle vienne pas accentuer la blessure qui a été faite à la base. »
Si je suis plus nuancée, je trouve quand même l’argument intéressant. Donc, si le métier d’artiste de Cantat prend cette importance dans le débat qui nous intéresse, c’est sûrement en grande partie parce que son métier est public, non seulement dans un atelier, une usine ou une boîte quelconque.
Oui mais on pourrait contrer peut-être que dans le cas d’une contrition, en public et tout ca, faire face au Peuple, l’affronter, n’est-ce pas d’une façon plus… sérieux comme repentance et tout cà?
Je suis en tengeante, mais… Jackson, par example il a fais face à son public me semble.
@Darwin : Dans ce cas tu as peut-être bien raison, Mais une autre fois, c’est quoi qui justifiera que des politiciens ou des groupes de pressions se mêlent de qui doit faire quoi dans le milieu des arts ?
Demain avec nos amis tories et autres fanatiques religieux, peut-être que c’est une pièce jouée par un transgène qui sera dénoncée ? Tu sais pour certain c’est le dégoût.
Le public est la seule sanction acceptable. Le reste c’est une dérive fascisante.
Je dois avouer que reblochon pointe un fait, un problème dangereux.. Une porte ouverte.
Deux infos :
– Le TNM a demandé à Cantat de ne pas venir devant un tel soulèvement populaire.
– … l’un des partenaires financiers du TNM a réagi à cette polémique. Hydro-Québec, PRINCIPAL PARTENAIRE pour la saison 2011-2012, a exprimé SON MALAISE au TNM mercredi …
Avec de l’argent, tout peut se censurer. Ça c’est du dégoût.
@ Reblochon
«Mais une autre fois, c’est quoi qui justifiera que des politiciens ou des groupes de pressions se mêlent de qui doit faire quoi dans le milieu des arts ?»
Je n’ai jamais dit que j’approuvais l’intervention coercitive des politiciens. Je trouve même la sortie de Deltell démagogique, de même que celle de Verner qui semble ignorer que Cantat est venu au Canada l’été dernier. Ce n’est que de la récupération. J’appuie davantage, croyez-le ou non, l’intervention de Christine St-Pierre… qui, comme moi, est contre la décision du TNM, mais refuse d’intervenir.
Je ne parle pas d’interdire sa venue ici, ni ne prétend que la réhabilitation est impossible. Je donne simplement mon opinion sur le choix du TNM, que je trouve indécent. Que des politiciens et des «groupes de pression» donnent aussi leur avis, c’est sain, cela permet de faire avancer le débat et de faire réfléchir le TNM, qui a choisi de lui-même, en tenant bien sûr compte de la vigueur des oppositions à sa décision (mais sûrement aussi de la pertinence des arguments), de changer sa position. J’appuie aussi les arguments de Christine Pelchat, présidente du Conseil du statut de la femme sur les dangers de banalisation de la violence conjugale.
Trop de gens insistent sur l’aspect involontaire du meurtre. Oui, techniquement, le meurtre était involontaire, mais les gestes de violences l’étaient-ils ? Jusqu’à quel point voulait-il la faire «souffert» ? Combien de coups pas du tout involontaires lui aurait-il donné avant de s’arrêter si elle n’était pas morte ?
C’est faux, le débat est étouffé. On ne peut défendre la venu de cantat sans passer pour le complice d’un meurtrier, un batteur de femme, un misogyne, un nostalgique de la poly ! Cette société est malade et refuse le débat ! C’est faux et archi-faux puisque ce qui a fait réfléchir le TNM c’est une société d’état qui a fait pression sur lui.
Et non la venue de cantat ne banalisait pas la violence faite au femme, faux combat hypocrite d’une société hypocrite qui ne prend pas les mesures pour justement faire diminuer cette violence !
Et ce n’était pas un meurtre, justement parce qu’un meurtre n’est pas involontaire, c’est un homicide involontaire !
Les gestes de violence étaient ceux d’un mec drogué et ivre, jaloux et impulsif. Cela explique l’acharnement sur la victime, l’errance et l’illogisme de ses actions après l’avoir tuée. Ce ne sont pas des excuses, pas plus qu’on est excusé quand on écrase une personne en conduite avec des facultés affaiblies. Il y a des lois pour cela, le code prévoit des sanctions, elles ont été appliquées et même malgré ce que la populace en pense de façon sévère pour en faire un exemple. 8 ans pour un homicide involontaire c’est presque la peine maximum pour une première infraction. Il faut suivre ce dossier et voir le rapport des libérations conditionnelles pour comprendre.
Et si on se base sur la gradation des peines, imaginons qu’on est mis 15 ans ferme à Cantat … combien devrait-on alors donner à un meurtrier ? Ils ne font pas 15 au canada pour une première infraction avec aucune récidive envisagée. Et les homicides involontaires équivalent à Cantat sortent après 1 ans et demi quand on leur enlève le temps double et qu’on applique le sixième de la peine ! Bienvenu dans la réalité ! Et on refuse de recevoir ce type jugé par des lois étrangères, lois bien plus sévères que chez nous ? Foutage de gueule !
Pour ce qui est de l’immigration, il est venu en novembre ou juillet je ne sais plus et hop maintenant c’est illégal ! Et les conservateurs qui en font une promesse électorale … votez pour eux et cantat ne rentrera pas ! Mais c’est du délire !
Je ne défends pas Cantat, je me fous de Cantat. Je défends une société de droit et non une société approuvant la justice populaire, l’intrusion des politiques quant aux choix d’une troupe de théâtre et le lynchage médiatique !
Jamais on a fait chier James Brown de la sorte et lui était un meurtrier ! Faut en revenir de l’affaire Cantat et encore on n’a même pas parlé de Marie dans toute cette histoire. Comme pour la poly, toute la pub est sur le coupable et pas sur la victime. Mais bon sang, pour une pareille gloire, y en a qui vont tapocher leur femme !
« On ne peut défendre la venu (sic) de cantat (sic) sans passer pour le complice d’un meurtrier»
!!!
«Cette société est malade et refuse le débat !»
!!!!!!!
«faux combat hypocrite d’une société hypocrite»
…
Darwin, faut lire le tout dans une analyse de texte, pas juste sortir des extraits qui pourraient êtres hors-contexte…
@ the Ubbergeek
«faut lire le tout dans une analyse de texte»
C’est ce que j’ai fait. J’ai écrit une réponse élaborée et l’ai effacée. De toute façon, ce commentaire est probablement mon dernier sur ce blogue.
@Darwin
Dommage… J’appréciait vos points et posts, même si on est pas toujours d’accord.
D’ailleurs même hors contexte, il est vrai que ceux qui défendent le droit à Cantat d’aller jouer dans cette pièce, quelque en soient les raisons d’ailleurs, sont amalgamés et automatiquement dépeints comme des dégénérés, des gens ne prenant pas à coeur les malheurs de toutes ces pauvres femmes battues ! (pour les deux sic, excusez, ma faute entière, j’écris vite sans relire)
Je viens de tester cela sur facebook personnellement et en lisant les commentaires d’autres perdus qui ont essayé de dénoncer les jugements simplistes et populistes en arrière de cette histoire. Mon dieu le criminel de l’année, l’hannibal lecter froid et implacable, capable de frapper 20 fois sa conjointe au visage puis d’aller prendre un café avant de la placer sur le lit, regarder un peu la télé et appeler le lendemain un ami et le frère de la victime avant de prévenir les autorités. Kimveer Gill doit se retourner dans sa tombe ! En plus de voir les réactions d’une série d’artistes chez G.A. Lepage, des gens outrés, sauf un dont je n’ai pas retenu le nom (le noir) qui était plus posé et analysait cela sereinement … et justement d’ailleurs. Une sordide provoc qui a réussie, qui ne méritait pas cette pub et qui ne méritait pas non plus de censure politique, seulement du public.
Je passerai sous silence le discours simpliste (voire ridicule) de Serge Denoncourt à TLMEP, tant sur Cantat que sur les Roms. Cantat n’a pas d’antécédent de batteur de femme, je ne le classerai pas aussi facilement que Denoncourt dans cette catégorie. Il a commis un homicide involontaire lors d’une dispute avec sa conjointe, les deux se tapaient dessus et Cantat a cogné plus fort. Il n’avait aucun antécédent de batteur de femmes, son ex-femme et plusieurs amis venant témoigner de cela.
On peut lire un peu pour comprendre que cette dispute n’est pas aussi à sens unique et aussi simple qu’on veut bien nous l’a décrire :
http://scenedecrime.blogs.com/scenedecrime/2006/02/laffaire_cantat.html
et lire encore plus pour mieux comprendre tout cela :
http://www.lefigaro.fr/assets/pdf/cantat2.pdf
Cantat devient tout d’un coup moins monstrueux qu’on peut le penser et il sommeille en nous tous un petit bertrand cantat qui pourrait bien se réveiller et nous réserver des surprises.
Serge Denoncourt est tout simplement un imbécile qui ne sait pas de quoi il parle.
Mais tout ceci n’a aucune importance en soi par rapport à ma réaction face à cette affaire, ce n’est pas Cantat que je défends, c’est la récupération politique et populiste de cette affaire qui n’avait pas à être jugée sur la place publique.
La société québécoise a réellement un problème quand on touche aux femmes violentées. On dirait un syndrome post polytechnique. C’est pire à l’approche de la date anniversaire de ce massacre. Un débile a réussi à formater une société au grand complet, un traumatisme national qui n’arrive pas à guérir et a se transformer en sagesse ! D’ailleurs tout le monde connait son nom… que je n’écrirais pas, mais je vous mets au défis de vous souvenir du nom d’une seule des nombreuses victimes sans avoir recourt à une aide ! Nous sommes bien dans une société qui oublient les victimes et publicise les ordures !
Pourquoi j’ai parlé de combat hypocrite, simplement que je me demande où étaient tous ces gens offusqués quand le gouvernement a diminué l’aide aux centres d’hébergement pour les femmes battues, où étaient ces gens pour dénoncer les coupures des libéraux et conservateurs ; coupures qui ont mis plusieurs ménages dans la précarité et ont fait augmenter les violences, les ruptures, etc.
Notre société est entrain de mettre à mal le tissus social si fragile, cela entraîne immanquablement une flambée de violence, + 4% d’après les dernières statistiques http://bit.ly/hybgH0 et naturellement les milieux les plus pauvres, les milieux de l’exclusion sont les plus touchés.
Et là on ne voit pas les artistes et les politiciens sortir leurs grands discours pour dénoncer cela !
Toute cette histoire aurait du faire deux lignes dans les journaux et le public n’aurait tout simplement pas du cautionner le choix douteux, la provoc, la bêtise de Wajdi Mouawad. Point !
@ reblochon.
C’est, complètement, faux de dire que Marie et Cantat se battaient!!! Cantat était fou de colère que Marie reçoive un message de son ex, il l’a mal pris, puisqu’elle lui avait interdit de revoir son ex, sauf pour parler de leurs enfants!!! Marie lui criait après, en l’insultant, certes, il a pété les plombs et il l’a battu!!! Ensuite, il l’a laissé agoniser, pendant des heures, pendant que monsieur cuvait son vin, confortablement, dans son lit douillet!!!
Et puis, j’en ai assez que l’on parle de ça!!! Depuis le début de cette histoire, nos médias biaisés ne nous ont montrés que les photos de Cantat, de Mouawad et de Pintal, mais peu de ces mêmes médias nous ont montrés des photos de la seule et de l’unique victime, dans toute cette tragédie!!! Et la victime, mon cher reblochon, ce n’est pas Cantat et sa musique pourrie, mais bien Marie Trintignant!!!
C’est ce que nos médias biaisés tentent de nous faire oublier, avec leurs chums Pintal et Mouawad, mais ça ne marche pas, avec moi!!! C’est la face de Marie que l’on aurait dû nous montrer, bien avant celle de Cantat ou de Mouawad ou de Pintal!!!
Mais mon cher Reblochon, nous sommes en campagne électorale, et les CONservateurs en profitent pour vendre leur camelote pro-répression policière et pro-censure artistique…et même Denoncourt tombe dans ce piège à cons ourdi par une organisation criminelle qui agirait encore plus à drouate que Sarkonazi 1er dans le dossier des Rôms…
REPONSE A MP ET VINCE
Moi, je continuerai à dire qu’il faut s’efforcer de faire la distinction entre l’Homme et l’Artiste, entre le Bien et le Mal. Et pour moi, ses paroles qui sont avant tout ses écrits, sont toujours porteurs de messages.
Comme dirait VINCE : pour comprendre un Artiste, il faut penser en Artiste.
Je pense que l’on peut applaudir l’Artiste sans penser au côté sombre de l’Homme. Sans parler de pardon, parlons de RECONCILIATION avec l’Artiste car on a TOUS quelque chose à apprendre de quelqu’un même si aucun de nous n’est parfait.
C’est du SOUTIEN, de la PROTECTION pour un Homme qui, sans ses fans ne peut exister.