Adil Charkaoui et la réforme de l’islam

Prenons n’importe quelle problématique. Elle devrait pouvoir absolument se placer dans une dynamique de débat. Sinon, cette problématique devient un sujet tabou que l’on tente de placer à l’extérieur de la liberté de pensée, de critique, d’expression, etc. En dehors de la démocratie, en dehors du lien social, en dehors de toute tentative de solution.

Voilà tout à fait la démarche d’Adil Charkaoui ici, ce que ses propos impliquent. Il travaille à placer l’islam en dehors de la dynamique de la mutation historique, de son évolution en lien avec la nouvelle donne migratoire et avec la tendance à la globalisation mondiale.

Personne (enfin j’espère!) ne lui enlève le droit de vivre l’islam qu’il veut dans sa tête et dans son foyer. L’idée de réforme ne concerne que ce qui se passe en dehors de sa tête et de son foyer, dans les sphères publiques et civiques. Refuser que le monde change, en voilà un bon exemple.

Les relativistes actuels qui auront la tentation de le défendre devraient penser à ceci :

À d’autres époques, de grands changements sociaux arrivaient et il y avait ceux, les réactionnaires, qui ne voulaient pas accepter par exemple que la royauté et l’Église perdent leur pouvoir sur le peuple, que les hommes perdent leur pouvoir sur les femmes, etc.

Adil Charkaoui est un de ceux-là, aujourd’hui : il ne veut pas que l’islam perde son pouvoir sur les musulmans, ainsi que les hommes musulmans perdent leur pouvoir sur les femmes musulmanes. C’est pourquoi il veut les musulmanes le plus possible voilées, pour rappeler constamment à la face de tous, et le pouvoir de l’islam sur les âmes et les sociétés communautaires musulmanes, et le pouvoir des hommes sur les femmes (ce qui est supposé, en tout cas au Québec, aller contre le consensus).

Alors, tout relativisme est vain. C’est la triste réalité. Il n’y a rien d’acceptable dans ce qu’Adil Charkaoui propose. Puisqu’on ne peut pas séparer ses propos du contexte dans lequel ils sont dits. Et ce contexte, c’est nous. Et surtout, ce sont toutes ses victimes collatérales. Qui subissons son agression liberticide qui se fait passer pour de la liberté de religion, respectable par définition.

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